Le masque de peste des médecins de la protection sociale

Le masque de peste des médecins de la protection sociale

En lisant les compte-rendus des négociations ouvertes entre les partenaires sociaux sur l'éventuelle réforme - toujours remise à plus tard - de nos systèmes, généraux ou spéciaux, de protection sociale, on trouve un parallèle inattendu avec la gestion contestable de certaines grandes épidémies.

Par exemple, pour combattre la peste qui frappa l'Europe du XIVème au XVIIème siècle, les autorités appliquèrent longtemps la "théorie des miasmes". Elle consistait à admettre que le mal se transmettait par l'air et qu'il convenait de purifier celui-ci ou, au minimum, de le filtrer. Ce n'est qu'à partir de la reconnaissance de la théorie microbienne que le mal fut compris et, progressivement, maitrisé.

Mais avant d'en arriver là, les médecins - y compris le médecin personnel de Louis XIII - vont se protéger pour leurs soins aux malades, du masque puis du costume "de peste". Outre une filtration supposée de l'air, cette tenue a alors pour but d'imposer, par son allure solennelle et inquiétante, le respect aux populations en détresse vis-à-vis d'un remède auquel même ses concepteurs ne croient bientôt plus, tant ils sont dépassés par les événements. Un nombre important de médecins paiera ainsi son tribut à la peste, prouvant si besoin était, que l'on peut mourir plutôt que de changer d'avis !

Ce qui est également intéressant c'est de regarder à quel point il fut difficile de faire renoncer les gouvernements à cette bonne vieille théorie des miasmes. Les pays qui prirent un peu plus tôt que leurs voisins cette décision, déclenchèrent des crises diplomatiques avec ceux qui ne démordaient pas de leur stratégie initiale.

Des remèdes illusoires basés sur des croyances anciennes, des outils destinés à calmer la peur des populations plus qu'à apporter de nouvelles solutions... Si les négociateurs, de la CGT jusqu'au MEDEF, voulaient bien retirer chacun leur masque de peste, juste pour être en phase avec l'air du temps, ils pourraient élaborer un remède plus efficace à la crise de notre système de protection sociale.

Mais peut-être la situation n'est-elle pas encore assez grave à leurs yeux pour qu'ils daignent consentir à ce terrible sacrifice idéologique ?

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