Wishful thinking
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En 72 heures deux responsables politiques de tout premier plan sont mis en cause.
Le premier a quitté son poste. Le second est déjà donné pour mort par ses meilleurs ennemis.
Dans les deux situations c'est l'expression "Wishful thinking" qui nous vient à l'esprit.
En effet chaque camp politique, sans se l'avouer, voudrait voir dans ces événement - en fait indépendants de sa volonté - la clé de son avenir. Il n'est certes pas interdit de rêver, mais il vaut alors mieux en être conscient.
En interne, l'illusion de la facilité :
Au gouvernement et dans la majorité parlementaire, les adversaires de la rigueur sont débarrassés de leur pire cauchemar. Finies les négociations musclées avec le boxeur du budget : on respire ! Mais ils se bercent d'illusions : le départ du médecin ne fait pas disparaître le mal et, à n'en pas douter, Bernard Cazeneuve sera à sa manière un redoutable négciateur, auréolé de la confiance personnelle du Président.
A l'UMP au milieu des larmes de crocodile autour des déboires judiciaires de Nicolas Sarkozy, il en est plus d'un(e) à se frotter les mains. IL est bien plus agréable de penser à 2017 avec un Sarkozy qui resterait ligoté dans le bureau d'un coriace magistrat bordelais. Las ! Les deux ans à venir laissent toutes ses chances à l'ancien Président de se sortir d'une instruction aléatoire. Cela lui laisserait alors tout juste le temps de se frayer - à la hache - un chemin vers le premier tour.
De gauche à droite de l'échiquier, on compte inutilement les points :
Dans l'opposition, ils sont peu nombreux à ne pas voir dans le départ de Jérôme Cahuzac une hypothèque suppplémentaire et définitive au bilan du quinquennat de François Hollande. C'est un tort : il reste quatre ans au Président de la République actuel pour bénéficier d'un retournement de conjoncture. Quatre ans, c'est très long. Et pas la peine de croire à un gain réel pour l'opposition lors des élections intermédiaires qui doivent se jouer d'abord sur les enjeux locaux - mais donneront sûrement, en revanche, un score angoissant aux extrêmes.
Dans la majorité il est comique de mesurer la virulence sourde de certains des premiers commentaires autour de la mise en examen de M.Sarkozy. Alors qu'il s'agit d'un épisode dans une procédure judiciaire qui est loin d'être achevée, on a l'impression, à entendre ce matin quelques leaders de la majorité, que la victoire de Saint Georges sur le Dragon vient d'être annoncée dans la soirée du 21 mars 2013. Ce qui confirmerait la peur panique, pour une partie de la gauche, d'un retour de Nicolas Sarkozy. D'où l'impatience pour ceux-là de le voir sortir définitivement du jeu, et ce au plus vite.
En fait dans cette histoire, personne ne songe à relever la très mauvaise nouvelle de ces mises en cause successives au plus haut niveau de l'Etat :
Le discrédit de la classe politique progresse encore dans l'opinion, la chute vertigineuse de François Hollande dans les sondages ne profite pas à ses prédécesseurs et les indicateurs économiques restent alarmants (voir notamment chez les entrepreneurs la baisse continue des intentions de création d'emploi). Une combinaison dont on connait les effets dévastateurs dans l'Histoire et qui appelle tout le monde à la responsabilité, à la mesure et au travail.
22 mars 2013