Peut-on parler sereinement de politique de santé ?

La réponse est a priori dans la question.


Le débat sur les pilules de troisième génération nous en donne le parfait exemple. Dispose-t-on de données complètes, au-delà d'un petit nombre - dramatique bien sûr - de cas identifiés ? Non. L'attaque portée contre les pilules de 3ème génération est-elle scientifiquement démontrée à grande échelle ? Non. Incontestable ? Non.


Et pourtant, on cherche déjà les coupables. Au cas où.

Si les responsables des (nombreuses) autorirtés de régulation peuvent à bon droit, vouloir éviter un drame (et aussi probablement, le bûcher qui fut promis à certains de leurs prédécesseurs comme au cours de la controverse Mediator), la lecture d'une tribune publiée conjointement par Jean de Kervasdoué et Didier Sicard dans Le Monde daté du 16 janvier, donne quelques raisons de douter d'un traitement des causes profondes de ces "scandales" à répétition.

Extraits :

 

"(...) Il ne suffit pas en effet de s'intéresser à l'efficacité d'un médicament avant sa mise sur le marché et de regarder à la loupe les éventuels conflits d'intérêts des experts et puis d'être indifférent à la manière dont il est utilisé, qui demeure l'essentiel. (...) En effet, quand un médicament est prescrit, il est pratiquement toujours délivré, que la prescription soit ou non appropriée. 

 (...) Pourquoi prétend-on l'impossible, à savoir que pour soigner leurs malades en vertu des connaissances du moment - une obligation déontologique, mais toute de principe -, les médecins français lisent tous les 36 000 articles médicaux publiés chaque mois dans les revues médicales ? (...)

Pourquoi préfère-t-on rechercher des coupables que de trouver des solutions en autorisant l'accès aux données que garde et exploite si peu l'assurance-maladie ? Pourquoi se place-t-on sur le plan des principes et non pas celui de l'analyse empirique ? (...) 

 Vraisemblablement parce que les médecins français n'ont pas la culture de santé publique, les associations de malades et les élus préfèrent placer leur discours sur le terrain politique. Ils se retrouvent entre eux, débattent de principes, d'égalité de droit et se méfient du réel, se moquent des inégalités de fait et oublient la personne qui erre avant de recevoir un diagnostic mais qui, en attendant l'IRM introuvable, est inondée d'examens."


On peut être en désaccord partiel avec certaines exagérations de cette tribune : de nombreux médecins français ont bien la culture de la santé publique, sans laquelle nos hôpitaux seraient en déshérence. Des généralistes de quartier offrent du temps aux plus démunis. Les élus savent pour la plupart l'étendue du problème et s'impliquent, au-delà des préférences partisanes, dans les lois de finances (notamment le PLFSS). Les associations font un travail bénévole et courageux.

Mais les deux auteurs ont raison : la concertation des acteurs est, en l'état, inefficace et les principes défendus bec et ongles par l'administration sont pour partie devenus obsolètes.

Il est temps de le reconnaître. Et d'agir.

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