Marché du travail : peut-on sortir de la caricature ?
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Le Monde daté du 20 décembre 2012 dresse un constat inquiétant de l'état d'esprit des investisseurs étrangers par rapport à l'attractivité de la France. Ce constat est principalement issu de l'enquête annuelle réalisée auprès des sièges sociaux d'entreprises américaines. Alors certes, l'investissement étranger direct sur notre sol n'est pas, loin s'en faut, le seul fait de ces entreprises. Il n'en reste pas moins que ces compagnies représentent les investissements les plus massifs réalisés sur notre territoire.
Extrait : "Comment votre maison mère perçoit-elle la France ? ", leur ont demandé la Chambre de commerce américaine en France et le cabinet de conseil Bain & Company. Comme une "mauvaise" destination d'investissement, ont déclaré 40 % d'entre eux. Ils n'étaient que 15 % à donner la même réponse en 2011, et à peine 10 % les deux années précédentes. Seuls 22 % des responsables interrogés voient en la France une bonne ou une excellente terre d'accueil, soit deux à trois fois moins qu'auparavant."
Bien sûr, cette étude est un vecteur que les décideurs américains utilisent traitionnellement pour faire passer des messages au gouvernement. Bien sûr, elle est attentivement lue à Bercy. Bien sûr, jamais notre politique économique et sociale ne pourra s'approcher des "canons de beauté" recherchés par un modèle de développement anglo-saxon. Mais, tout de même, que penser de l'attitude des "partenaires sociaux", arc-boutés sur leurs vieilles lunes, alors que le ministre du Travail Michel Sapin a lancé un modèle de consultation ambitieux et ouvert pour une vraie réforme du Code du Travail ?
L'investisseur, étranger ou non, a besoin de règles du jeu stables. Or, pour ouvrir une activité en France, il doit aujourd'hui d'abord consulter une armée de fiscalistes, et surtout d'avocats spécialistes du droit du travail. Ce même droit du travail que plus personne en France ne peut prétendre connaître, tant il évolue constamment, tant il s'est noyé dans la jurisprudence et les revirements législatifs de gauche comme de droite. Une réforme en profondeur et pas un simple toilettage de cet environnement réglementaire est une demande logique, impérative et urgente. Elle commande de larges abandons de principes, aussi bien de la part des représentants des salariés que de la part de ceux des entreprises.
Tout comme un particulier achète une voiture en ayant une visibilité à plusieurs années en termes de maintenance, un investisseur ne paie pas pour voir. En tous cas si rien ne change, il ne le fera plus. Face à cet enjeu dont ils seront les comptables, les partenaires sociaux ont une chance historique de sortir de la caricature. En janvier 2013, il faut souhaiter qu'ils y parviennent.
21 décembre 2012