"Mammouth, es-tu là ?"

On embête Vincent Peillon avec ses déclarations "intempestives"...mais souvenons-nous du 27 juin 1997 : Claude Allègre, nommé ministre vingt-deux jours plus tôt, prononce cette phrase qui deviendra indissociable de son parcours politique, scientifique et même personnel : "il faut dégraisser le mammouth" (phrase comme toujours sortie de son contexte, mais on le sait, et Allègre le savait - ou aurait dû le savoir). 

Pour annoncer une réforme en profondeur du ministère le plus conservateur de France (en comparaison, Bercy passe pour le Disneyland du réformisme), on peut parler d'erreur majeure de communication. La suite est connue. Certes, le ministre avait pris la dimension de la résistance au changement rue de Grenelle. Certes, son "mammouth" s'adressait aussi (surtout ?) aux fameuses fonctions support ATOSS (au ministère et dans les rectorats). Mais le timing, comme le vocabulaire, ne pouvaient pas être plus mal choisis.

La polémique sur le ratio de personnel enseignant/fonction support étant quasiment impossible à traiter (des personnels recensés comme "enseignants" évoluent vers les fonctions de support), seule une promenade dans les couloirs du 101 rue de Grenelle peut donner une idée de l'enchevêtrement incroyable des compétences et des attributions, pouvant conduire, c'est le comble, à une surcharge abominable de travail pour ceux qui cherchent encore à faire fonctionner la machine. 

Pour certains, la mobilisation des enseignants contre Allègre était téléguidées depuis ces fonctions de support, à l'époque très représentées au SNES. Pour d'autres, les erreurs - notamment sur les statistiques de l'absentéisme - ont discrédité la parole du ministre. Ce qui est sûr c'est que ce 20 septembre 2012, Vincent Peillon joue sa crédibilité en annonçant 40 000 recrutements d'enseignants dans la loi de finances 2013 (dont 22 000 remplacements de départs en retraite pour être exact).

Mais sur un autre territoire - budgétaire celui-là - de communication, Monsieur Peillon ne peut pas ignorer la question des fonctions de support, au risque de devoir la payer très cher à l'élaboration de la loi de finances 2014.  

20 septembre 2012