Mai 2013
-
Dans de vieux films policiers, le héros lâche souvent une sombre prédiction, au coin d'une rue tranquille : "C'est calme, trop calme". Prédiction inévitablement suivie de l'assaut, sans grande surprise, d'un adversaire fort bien armé et tout à fait méchant. Notre héros doit alors mener un combat sans merci.
Dans les années 50 nos parents ou grand-parents tapis au fond d'un cinéma enfumé, puis nous-mêmes lors des rediffusions offertes par la Dernière Séance d'Eddy Mitchell, ne réussissions pas à douter plus d'une seconde de l'issue du combat - qui se soldait immanquablement par la victoire de notre héros, d'ailleurs "on se disait bien qu'il n'allait pas se laisser avoir comme ça".
Osons le parallèle avec l'actualité économique et sociale qui s'égrène sous nos yeux d'observateurs plus ou moins ébahis. Par exemple, ce matin du 27 février lors de la Matinale de Radio Classique, Jean-Pierre Raffarin était un peu notre Eddy Mitchell, invité à mettre en perspective le film qui allait bientôt nous être projeté. Pop-corn pour tout le monde !
Le film pourrait s'appeler : Le risque de la rue. Selon l'ancien Premier ministre, trois facteurs sont réunis pour une belle émeute populaire : crises de l'emploi dans plusieurs secteurs clés de l'économie, alliance objective anti-impôts des classes populaires et des classes moyennes et enfin désertion de l'électorat traditionnel de la gauche.
C'est vrai, on en arrive à se demander si la France échappera à une révolte avec 25% des jeunes diplômés au chômage, une crise "devant nous" quand elle est "derrière" en Espagne. Mai 2013 pourrait avoir des airs de mai 1968, avec un bel anniversaire à fêter (35 ans) dans un contexte similaire (remise en question de l'Etat face à une crise fédérant la jeunesse, les ouvriers et les classes moyennes).
Le héros de ce film, c'est François Hollande dont on a la nette impression qu'il ne s'est pas inquiété de cette rue trop tranquille. Les spectateurs l'ont bien vu et doutent sérieusement cette fois-ci, de l'issue du combat qui oppose notre héros à un adversaire fort bien armé et tout à fait méchant : la récession.
27 février 2013