Les choix de Jean-Louis Beffa

Cela fait du bien d'entendre la vérité, pas celle de la campagne (des campagnes) présidentielle mais la vérité tout simplement. Se souvenir comme Jean-Louis Beffa, qui présentait hier son livre "La France doit choisir" au Cercle des Etats-Majors de l'AGEFI, des institutrices qui, sortant d'une visite d'un site de Pont-à-Mousson, prévenaient leurs écoliers : "travaillez bien, sinon vous finirez à l'usine". 

Se rappeler que la France, toujours plus intelligente que ses voisins, a très tôt privilégié les services, pourtant d'un faible secours pour notre balance commerciale. Savoir que l'innovation ne peut se plier à des cycles financiers de 18 mois et s'en convaincre en regardant ailleurs, au Japon par exemple. Savoir enfin, que l'Allemage n'a laissé s'échapper de son giron que Mannesmann et l'a amèrement regretté, savoir aussi qu'une Europe qui régule à l'excès les distorsions de concurrence nationales quand les Etats-Unis ou la Chine en font leur miel, n'est pas la solution pour un vrai libre échange.

De libre échange il fut question également, avec quelques grincements de dents parmi l'assistance quand l'orateur aborde le rôle des financiers aujourd'hui. Les "partenaires sociaux" français, patronat y compris, ne sont pas oubliés, même si on entend avec bonheur l'hommage de Jean-Louis Beffa à celui qui fut son interlocuteur à la CGT de Saint-Gobain pendant vingt ans. Et donc le modèle allemand. La gouvernance équilibrées, un état qui favorise le producteur...on se sent bien loin. Puis, un inévitable axe fédéral européen, mais "à six" pour ce qui concerne l'économie.

"Et nos élites qui se croisent de cabinets ministériels en entreprises, freinent-elles la réforme" demande-t-on, un brin racoleur, à Jean-Louis Beffa lors du cocktail ? Selon lui ce n'est pas le sujet et "on se bat tout autant voire plus entre grands corps de l'entreprise et de l'Etat". Concernant Jean-Louis Beffa en tous cas, on n'en doute pas une demi-seconde.

13 mars 2012