Le principe et la réalité
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Encore un joli cas d'école offert par un acteur politique pour la réflexion post-estivale du dirigeant d'entreprise.
Sans préférence aucune dans le processus en
cours pour désigner le prochain président de l'UMP, ce sont les déclarations de Jean-François Copé relatives au processus de ladite désignation qui nous inspirent aujourd'hui.
Sur le principe, les arguments de Monsieur Copé sont parfaits. L'UMP dispose de statuts et d'instances dont le rôle est de veiller à leur stricte application. Une commission spéciale valide le processus de du scrutin.
Sur le principe encore, rien, absolument rien, n'oblige Jean-François Copé à quitter son poste de secrétaire général avant le
scrutin, même si sa comparaison avec un Nicolas Sarkozy ne quittant pas l'Elysée avant de remettre son mandat en jeu est osée.
La réalité affaiblit considérablement ce postulat de principe. À tort ou à raison, François Fillon est bien placé dans les sondages effectués, tout comme Ségolène Royal pouvait, dans une moindre
mesure, l'être face à Martine Aubry lors de la désignation équivalente au PS en novembre 2008. Or, Madame Aubry n'a jamais vraiment digéré par la suite, les rumeurs d'irrégularité de cette
élection alors même qu'elle n'était pas, contrairement à Monsieur Copé, aux commandes de l'appareil au moment du vote.
Le principe de réalité devrait ainsi conduire Jean-François Copé à céder, peu ou prou, sur au moins l'un des deux points de la contestation, soit en quittant ses fonctions, soit
en concédant un aménagement du processus.
Autrement, s'il venait à remporter une bataille loin d'être perdue pour lui, il lui sera difficile de dissiper le doute que les
perdants ne manqueront pas d'entretenir durablement, quant à la régularité du résultat.
Le responsable d'une société doit lui aussi être capable de renoncer à un raisonnement de principe, quitte à compliquer momentanément sa tâche ou à augmenter un peu son risque personnel, pour
garder intacte toute sa légitimité pour les combats suivants. Un enjeu justement très actuel pour le secrétaire général de l'UMP.
29 août 2012