L'amendement Facebook et l'aile gauche du Pigeon

Depuis qu'il a été reçu à Bercy par des ministres bien embêtés, le mouvement des "Pigeons" roucoule de bonheur. Théoriquement, tous les petits entrepreneurs de France devraient lui dire merci. Merci mais au juste, pour quoi ? A bien regarder les revendications des volatiles qui se sont posés sur les balcons du ministère des Finances, elles concernent une part infime du modèle économique français, qu'il s'agisse de création nette d'emplois - y compris auprès des sous-traitants - ou de fiscalité des entreprises, l'ébéniste ou le retaurant du coin n'étant pas concernés.

De plus, il est bon de rappeler qu'avant de vendre des comparateurs de coût sur Internet et autres lentilles de contact à prix cassés, la France doit vendre des produits manufacturés sur son territoire et s'en donner les moyens.

Le sujet est bien ici de voir dans quelle mesure tel ou tel leader du mouvement, financé à ses débuts à grands renforts de capitaux (par exemple Yahoo pour acquérir Kelkoo : 425 millions de dollars déboursés en 2004 avant revente à perte en 2007 pour "performance insuffisante"), a réellement contribué à une création nette et durable d'emplois et de valeur sur le territoire. De voir également dans quelle mesure nos "Pigeons" peuvent clamer avec un certain mépris leur "différence" avec "les entreprises du CAC 40" (nouveau Grand Satan du Vox Populi) qui elles, jusqu'à preuve du contraire, ont un impact durable et réel sur l'économie. De voir aussi pourquoi curieusement, certains entrepreneurs à succès se tiennent prudemment à l'écart de cette contestation. De voir enfin à quel niveau de décence se situent les revendications victimaires des signataires emblématiques mobilisés par la pétition.

Au-delà des valeurs, il faut surtout s'interroger sur l'extrême facilité avec laquelle ce procédé de contestation a pu aboutir et par extension sur la réaction du gouvernement à ce coup de force. Quid d'un retrait aussi vif d'un texte - certes étrange dans sa philosophie - pour quelques dizaines de milliers de clics sur Facebook ? N'importe quel chef de produit dans l'agro-alimentaire est capable de mobiliser les ressources apportant une présence équivalente sur les réseaux sociaux pour y promouvoir un nouveau yaourt. Et pourtant, un week-end d'activisme sur Facebook aura fait mieux que plusieurs mois de tractations comme c'est le cas d'ordinaire pour tout sujet relatif à la loi de Finances.

Cet événement inédit amène à une conclusion et à une question :

Peut-être les pouvoirs publics vont-ils établir une sorte de jurisprudence pour évaluer ce nouveau genre qu'est "l'amendement Facebook". Au-delà de 60 000 "j'aime" sur Facebook, tout groupe de pression serait reçu par le ministre concerné. Intéressant.

La question est de se demander pourquoi les Pigeons n'ont pas regardé un peu plus sur leur gauche, auprès des "petits entrepreneurs" qu'ils n'ont pourtant pas hésité à citer ou à laisser citer en exemple, lesquels n'ont pas de telle plus-values en perspective mais des coûts d'exploitation qui restent leur préoccupation première.

Les mois à venir diront si les Pigeons et leurs entreprises ont, au-delà de leur pré-carré, gagné ou perdu la bataille d'opinion que la reculade immédiate de Bercy leur a évité de mener.

 

9 octobre 2012

L'amendement Facebook et l'aile gauche du Pigeon
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