Le retour de la bonne blague de l'encadrement des stages

Le retour de la bonne blague de l'encadrement des stages

Voici enfin venu le temps de la justice et de l'établissement d'un rapport social humain entre l'entreprise et le stagiaire. Il faut dire que c'était urgent, tant le stage devenait, à entendre le collectif répondant au doux sobriquet de "Génération précaire", une réplique à peine adoucie des travaux forcés. C'est pourquoi, à l'initiative honorable d'une parlementaire souhaitant connaître son quart d'heure warholien - c'est chose faite à présent, l'Assemblée nationale était appelée à examiner aujourd'hui une énième proposition de loi visant à réguler la pratique des stages en entreprise.

Il ne s'agit évidemment pas des stages quatre étoiles proposés par certains établissements financiers, cabinets de conseil en stratégie ou grands groupes, dont les fiches de paie distribuées aux stagiaires multiplient par trois ou quatre l'indemnité plancher légale (le plancher étant de 436.05 euros mensuels assortis, en cas de générosité délirante de l'employeur-esclavagiste, de tickets restaurant).

On parle des stages "normaux" dans les entreprises "normales" soit le coeur de cible de notre "Pacte de responsabilité".

Mais en focalisant l'attention sur des situations difficiles, le débat en cours exclut de rappeler une composante fondamentale du stage : les stagiaires ne sont pas opérationnels, même juste avant d'obtenir leurs diplômes. Ils apprennent les pratiques de leur entreprise d'accueil, pour y être embauchés en sortie de stage ou pour pouvoir prétendre à la fameuse "première expérience". Vision idéaliste ? Pas tant que cela.

Les situations supposément abjectes qui ont prévalu à ce nouveau tour de piste législatif étaient les mêmes pour les stagiaires des années 1990- 2000. La nouveauté ? Un bloc de revendications dont l'application relèverait in fine du salariat.

On se fourre le doigt dans l'œil : quid de ces stagiaires témoignant de leur "exploitation" au cours de "nocturnes" en cabinets d'avocats ? Malheureusement c'est le rythme de ce métier, comme il peut en être de même en agence de publicité ou dans d'autres métiers du conseil. Autant le savoir tout de suite et c'est pour cela qu'est fait le stage : une antichambre de la "vraie vie" en entreprise. Ces métiers, stigmatisés jusqu'à la caricature, sont qui plus est minoritaires sur le marché du travail, et ce sont pourtant leurs stagiaires qui ont pris le leadership de cette contestation.

Les dispositions législatives précédentes suffisaient à corriger les excès. On connaît peu de personnes n'ayant pas fait un "mauvais stage" avant de travailler. Ce n'est pas pour autant qu'il faudrait donner la becquée à des stagiaires d'abord là pour apprendre, même et surtout s'ils sont surdiplômés. Le stagiaire mobilise les ressources d'un maître de stage dont les obligations sont codifiées. Il y consacre des heures supplémentaires non rémunérées. Par là, il honore le contrat moral de l'entreprise. Tout le monde y trouve son compte depuis bien des années et il est dommage qu'une fois de plus, l'exception bouscule la règle d'un dispositif gagnant-gagnant qui, globalement, n'a pas démérité.

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