Antoine Frérot ou la victoire du soft management ?
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On ne connaît pas beaucoup le P-dg de Véolia mais en le voyant reconduit, a priori pour quatre ans, en avance de phase de l'AG du 24 avril 2014 malgré toutes les spéculations, on repense à la prestation qu'Antoine Frérot avait offerte à une assemblée ravie, le 20 septembre 2013 tôt le matin, à l'Interalliée.
Il échangeait avec des adhérentes du GEF (Grandes Ecoles au Féminin) et quelques invités extérieurs, sur les conditions d'un parcours plus équitable entre les hommes et les femmes vers les postes de top management. Septembre 2013 n'était déjà pas un mois calme au sein de Véolia et des observateurs "avisés" voyaient en son président, "miraculé" de plusieurs tentatives de satellisation, un futur pré-retraité.
Le discours du dirigeant fut ce matin-là, à la fois serein et très honnête sur le sujet de l'égalité professionnelle - quand la tartufferie domine le discours corporate ambiant - reconnaissant franchement ce qui était fait et ce qui ne l'était pas au sein du groupe Véolia Environnement.
On se souvient aussi d'une question posée sur sa capacité à faire respecter une éthique managériale, notamment à "repérer" des managers autoritaires - ou pire, dans un groupe aussi important. Sa réponse : il a gardé des relais à tous les niveaux du groupe qui lui donnent régulièrement des remontées fiables du terrain. Même si cela ne peut être un mode unique de gestion, on y croit car c'est dit avec calme, sur le ton de l'évidence humaine.
C'est peut-être justement (simple supposition) parce que ce dirigeant connaît la maison, connaît les équipes, connaît le métier, qu'il a rechigné à augmenter la pression sur un effort social déjà lourd. C'est peut-être aussi pour cela qu'un gouvernement de gauche n'était pas pressé de voir partir un "Nice guy" dont le plan de transformation porte, malgré sa "retenue", déjà ses fruits. Peut-être cela fonctionne-t-il bien parce que ce dirigeant voit une entreprise qui prime sur l'actionnariat, dont une partie souhaitait visiblement reprendre ses billes au plus vite et donc, tailler dans le vif sans regarder le moyen terme.
Alors Antoine Frérot n'est sûrement pas parfait. Mais parcequ'il réussit à imposer une transformation dure mais calculée au plus près du corps social de l'entreprise et alors que son caractère et ses valeurs tranchent manifestement avec les us et coutumes des grands groupes où "on ne fait pas de sentiment", on se dit que la victoire médiatisée de cette forme de management est une bonne nouvelle. Et qu'il arrive que des dirigeants soient cohérents dans leur discours public et dans leur action.
Franchement, ce n'est pas mal du tout.